Les Maldives : le tourisme financier des extrêmes

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Plage des Maldives (via Flickr Creative Commons)

Inutile de commencer cet article par une description paradisiaque des Maldives. Tout le monde connait ce chapelet d’îles coralliennes. Au moment où vous lisez ces mots, un tableau de son eau turquoise et de ses plages de sable fins défile probablement devant vos yeux.

Qui n’a jamais rêvé de partir là-bas afin d’oublier les ennuis de la vie quotidienne ? En un clic, vous pouvez accéder aux vacances de vos rêves. Les sites de voyage proposent des « prix minis garantis », des « séjours inoubliables à petit prix vers une destination paradisiaque ». C’est tellement simple! Mais ce qui est aussi simple, c’est se mettre la tête dans le sable et ne pas regarder les problèmes qui taraudent notre monde.

« Si les gens savaient ce que je suis ou ce en quoi je crois, ma famille me rejetterait et je serais hors la loi »[1]. Voici à quoi se résume le quotidien des Maldiviens. Voici la vraie vie Maldivienne. Celle-ci n’est pas faite de coquillages et de cocktails. À la place, peur et répression dominent l’esprit de la population. Alors mettons nos casquettes, chaussons nos espadrilles, n’oublions pas la crème solaire et retournons en 2012, année où tout a commencé.

Février 2012: le premier président Maldivien démocratiquement élu est renversé. Des islamistes investissent le musée des Maldives, unique témoin de l’histoire. Ils détruisent seulement les œuvres préislamiques, jugées impures[2]. Ainsi, en quelques minutes, des milliers d’années d’histoire ont été anéanties. En outre, la radicalisation du pays avait déjà commencé en 2008 lorsque la constitution obligea les habitants à être sunnite. Au nom de la religion, les Maldiviens ont donc perdu toute liberté. Mais ou est passée la tolérance prêchée par les prophètes?

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Enfant sous coucher de soleil (via Flickr Creative Commons)

La dernière trouvaille du régime a été de réintroduire la peine de mort. Bien sûr, les Maldives ne sont pas le seul pays à pratiquer cet acte barbare, alors pourquoi en faire toute une histoire? Vous allez comprendre. En Mars 2014, l’application de la charia a été durcie, étendant ainsi la peine de mort aux enfants de sept ans et plus. La loi inclut la provision suivante : « si l’enfant à moins de 18 ans, l’exécution de la peine de la mort est reportée après ses 18 ans »[3]. Réjouissons-nous, les enfants ont encore quelques années devant eux! Mais une question se pose: Comment peut-on imaginer pouvoir voler le futur d’un enfant? Quel que soit le crime commis, il faut éduquer et non tuer. Le président maldivien, Abdulla Yameen, avait déclaré que «  le meurtre doit être puni par le meurtre »[4]. Espérons juste que ses enfants ne commettront jamais de crime.

Après quelques émois, peu d’actions ont été entreprises afin de contrer cette institutionnalisation d’un Islam radical aux Maldives. Jacques Maillot, fondateur de Nouvelles Frontières, avait appelé au boycott en déclarant qu’il y « avait moyen de peser, d’asphyxier ce pays et d’arriver à renverser ce pouvoir en place depuis 2012 »[5]. Depuis, c’est le silence radio et les hôtels Maldiviens envisagent même un record d’affluence lors de la prochaine saison. On dit souvent que le silence est d’or. Dans ce cas précis, le silence de la communauté internationale a poussé la population à s’installer dans un mutisme destructeur. Mais on attribuera sans doute ce silence à la chaleur suffocante des Maldives.

Le but n’est point de blâmer les touristes, mais d’éveiller les esprits. Cependant il faut comprendre que pendant qu’ils se prélassent au soleil, des enfants et des adolescents sont prisonniers dans le couloir de la mort. Aussi, des Maldiviens n’ont pas d’autre choix que d’adhérer aux différentes lois du régime. Ils n’ont aucune opportunité de penser et d’agir librement. Ainsi, les maux de la population ont été éclipsés par ce soleil aveuglant.

Nous n’en avons pas toujours conscience mais aller en vacances peut avoir une portée politique. Cela a des conséquences. Et des régimes comme les Maldives profitent de l’affluence des touristes pour continuer à faire tourner leur système sectaire et intolérant. Pour s’assurer de la venue des voyageurs des quatre coins du monde, le gouvernement s’arrange avec la charia quand il le faut. Ainsi, il octroie des licences aux hôtels afin qu’ils puissent importer le porc et l’alcool[6]. Le pouvoir s’enrichit donc grâce à des produits interdits par la religion. Logique vous allez me dire! Le régime maldivien repose donc sur des calculs précis. D’une part, il cherche à isoler la population afin de mieux l’enfermer. D’autre part, son but est d’éblouir les touristes afin que tout le système ne prenne pas l’eau.

Alors comment sortir de ce cercle vicieux? Ce qui est certain c’est qu’une question morale se pose.    Doit-on continuer à financer un régime qui ne respecte pas les droits de l’Homme? Avec un tourisme représentant 80% du PIB[7], l’économie est totalement dépendante des recettes provenant de cette activité. Cesser de visiter ce pays serait donc mettre en danger sa population. Alors que faire? Clairement, il faut arrêter de regarder son reflet dans l’eau limpide turquoise afin d’agir et de changer les choses. Mais si l’on boycottait les Maldives, il faudrait le faire avec tous les autres pays qui ne respectent pas les principes humanistes et démocratiques. Il faudrait tout simplement arrêter d’aller en vacances.

Et soyons honnêtes, cela serait trop dur.

 

 


 

[1] Bertrand, N. (2014, October 23). Maldives : La charia au paradis. Retrieved December 3, 2014, from http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/maldives-la-charia-au-paradis_727279.html

[2] Bertrand, N. (2014, October 23). Maldives : La charia au paradis. Retrieved December 3, 2014, from http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/maldives-la-charia-au-paradis_727279.html

[3] Bertrand, N. (2014, October 23). Maldives : La charia au paradis. Retrieved December 3, 2014, from http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/maldives-la-charia-au-paradis_727279.html

[4] Bassand, L. (2014, June 1). les Maldives : La charia au paradis. Retrieved December 3, 2014, from http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/06/01/iles-maldives-la-charia-au-paradis

[5] Bassand, L. (2014, June 1). les Maldives : La charia au paradis. Retrieved December 3, 2014, from http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/06/01/iles-maldives-la-charia-au-paradis

[6] Bertrand, N. (2014, October 23). Maldives : La charia au paradis. Retrieved December 3, 2014, from http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/maldives-la-charia-au-paradis_727279.html

[7] Présentation des Maldives. (2014, July 10). Retrieved December 3, 2014, from http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/maldives/presentation-des-maldives/