Mozambique : les dessous d’une catastrophe
Le Mozambique, pays côtier de l’ouest africain, a été frappé, dans la nuit du jeudi 14 mars au samedi 16 mars, par Idai, le cyclone le plus dévastateur de l’histoire du pays qui a fait à peu près 1000 morts et a affecté pas moins de 600 000 personnes selon le président mozambicain Filipe Nyusi. Certaines villes clefs du pays comme la ville portuaire de Beira, touchée de plein fouet par cette catastrophe naturelle, se relèveront difficilement de cette tragédie. La population est dans une situation de grande précarité. Le président a de plus ajouté que la catastrophe était d’une ampleur « gigantesque » et que les dégâts, toujours difficiles à évaluer, pourraient plonger le pays dans une crise humanitaire sans précédent.
Le cyclone Idai, le plus puissant que l’Afrique Australe ait connu depuis 20 ans, a durant son passage, les 14, 15 et 16 mars, tout dévasté en Mozambique mais aussi dans les pays voisins du Zimbabwe et du Malawi. De violentes rafales de vent, accompagnées de pluies torrentielles ont détruit de nombreux logements, faisant disparaître des villages entiers. En effet, Idai a provoqué des vents violents, plus de 195km/h et de graves inondations au Mozambique qui ont déjà fait 1000 morts. Ce cyclone tropicale, né d’une dépression tropicale qui s’est formée début mars près de la côte est du Mozambique, a ravagé le pays, et plus particulièrement la ville de Beira. Cette cité portuaire qui sert de porte d’entrée vers l’Afrique australe, a été détruite à 90%, et est totalement coupée du pays depuis la catastrophe. Un raz de marée semblable à un tsunami a également dévasté la ville côtière de Nhamatanda, faisant de nombreuses victimes et détruisant la ville. Les gens ont dû se réfugier sur les toits pour survivre. Les inondations ont aussi détruit de nombreuses routes, et d’accès aux villes et villages, ce qui empêche les secours de se rendre correctement dans les zones les plus touchées. Certaines régions étaient donc, pendant plusieurs jours coupées du monde, sans nourriture ni aide médicale. Ainsi, le cyclone a causé des dégâts sans précédent dans un pays déjà très fragile.
Les inondations, drainant des eaux sales ont rapidement propagé de dangereuses épidémies, notamment le choléra. Les zones les plus touchées, plus particulièrement dans le centre du pays, comme la ville portuaire de Beira, sont toujours très affaiblies et vulnérables à la suite du passage du cyclone. Plus de deux millions de personnes ont dû être déplacées car leurs habitats ont été détruits par la catastrophe. En effet, cela facilite la propagation de virus tel que le choléra. Ainsi, début avril, plus de 1000 cas de choléra ont été recensés et un premier mort a été annoncé. L’eau contaminée a favorisé la propagation rapide du choléra. Extrêmement contagieuse, elle peut néanmoins être guérie si une rapide hydratation et des antibiotiques sont administrés à temps au malade. Mais, dans ces conditions précaires, de tels soins sont inaccessibles dans l’immédiat et requièrent un soutien de la part de la communauté internationale qui nécessite plusieurs jours pour leur procurer ces soins.
Les inondations ont également favorisé la recrudescence d’innombrables moustiques, porteurs principaux de la malaria, aussi appelé paludisme, autre épidémie tout aussi dangereuse qui requiert une aide médicale rapide sous peine d’être mortelle. La rougeole est un autre danger potentiel. Plus de 130 000 mozambicains déplacés vivent dans plus de 150 camps de fortune en terrain élevé. Dans de telles conditions, avec une population souffrant de sous-alimentation chronique, les épidémies de rougeole peuvent tuer 10% des enfants infectés, selon l’O.M.S. (Organisation mondiale de la santé). Cela complique l’après-cyclone car les épidémies retardent considérablement la stabilisation du pays. Il est impossible de reconstruire les zones endommagées tant que la population n’est pas totalement saine et sauve. Néanmoins, de nombreuses aides sont déjà arrivées au pays, ce qui devrait normalement stabiliser la situation.
Le Mardi 2 Avril, près de 900 000 doses de vaccins contre le choléra sont arrivées à Beira au Mozambique. Financés par « Gavi, The Vaccine Alliance » et procurés par l’UNICEF et l’OMS, ces vaccins peuvent permettre de stopper la propagation du choléra dans les zones les plus touchées. Michael Le Pechoux, le représentant de l’UNICEF au Mozambique, a déclaré que « les équipes humanitaires dépêchées au Mozambique ont commencé à sensibiliser les habitants aux symptômes et aux méthodes de prévention, y compris aux pratiques d’hygiène et à l’importance des vaccins, en particulier dans les conditions actuelles où l’eau est insalubre et les abris temporaires sont surpeuplés ». Cette opération prouve l’efficacité des ONG qui ont réussi dans un temps très court à approvisionner les aides médicales nécessaires au Mozambique. L’O.M.S. a ainsi annoncé que la situation sanitaire devrait se stabiliser dans les jours qui viennent et que d’autres vaccins seront expédiés si la maladie se propage plus vite que prévu.
Les ONG ne sont pas les seuls acteurs ayant apporté leur aide aux habitants dans le besoin. Le président mozambicain a déployé l’armée dans la région de Beira pour procurer de l’eau potable et de l’aide alimentaire aux habitants, la nourriture ayant été ravagée par le cyclone. Cette mobilisation est cruciale car elle permet d’éviter une famine dans les zones les plus touchées. Des moyens maritimes et aériens ont été déployés pour répondre aux besoins les plus pressants des habitants. L’armée permet également de stabiliser la région afin d’éviter une quelconque panique en plaçant les habitants dans des abris, les habitats étant totalement détruits après le passage de Idai. L’armée va ainsi aider les ONG à administrer les vaccins et sont sur la bonne voie pour permettre l’arrêt ou le ralentissement de la propagation du choléra et d’autres épidémies.
L’efficacité des ONG, associées aux forces déjà présentes sur place, a permis au Mozambique d’espérer se relever rapidement de cette catastrophe. Néanmoins, les efforts nécessaires pour stabiliser le pays sont loin d’être suffisants. Le Mozambique mettra du temps à s’en remettre correctement: le pays fait aujourd’hui face à un des plus gros défis de son histoire.
Edited by Laura Millo