Coup d’envoi pour la nouvelle Commission Européenne
Une nouvelle Commission Européenne ambitieuse
Alors que Jean-Claude Juncker quitte ses fonctions, c’est au tour d’Ursula von der Leyen de prendre le relai de l’exécutif Européen. Confirmée par les députés du Parlement européen le 27 novembre dernier avec une large majorité : 461 voix pour, 157 voix contre et 89 abstentions, la nouvelle commission européenne est enfin lancée après un parcours semé d’embûches.
En effet, c’est avec un mois de retard sur le calendrier initial que la commission von der Leyen rentre en fonction suite à plusieurs évènements venus perturber le processus. Si le rejet de trois commissaires, la Française Sylvie Goulard, le Hongrois Laszlo Trocsanyi et la Roumaine Rovana Plumb, à l’issu de leurs auditions est la principale cause de ce retard, le contexte sensible d’un Brexit qui ne cesse d’être reporté et les turbulences au sein du couple franco-allemand n’ont guère accéléré la procédure.
Une Europe affaiblie en proie à de nombreuses critiques…
Ursula von der Leyen prend donc les rênes de l’organe européen dans un contexte européen instable. Depuis le Brexit, jamais le concept de « désintégration européenne » conduisant à terme à la mort de l’Europe n’a été aussi omniprésent dans la rhétorique européenne.. Les querelles nationalistes émergent de toute part et embrasent les populations qui jugent l’Europe trop divisée, trop rigide, et trop technocratique.
Pourtant, la nouvelle présidente de la Commission européenne s’emploie à combattre ces prédictions ternes et excessives. De fait « l’effet domino » escompté n’est pas d’actualité, bien au contraire, la liste des pays qui attendent leur entrée dans l’Europe est encore longue et Ursula von der Leyen se tourne ainsi vers les élargissements à venir: « Nous devons démontrer à nos amis des Balkans occidentaux que nous partageons le même continent, la même histoire, la même culture et que nous partageons le même destin » déclare-t-elle devant les eurodéputés.
Une nouvelle commission européenne moteur du changement
Ainsi, malgré ses fractures, ses revers et ses critiques laissant planer de nombreux doutes sur son avenir, c’est une nouvelle commission européenne ambitieuse qui prend place à Bruxelles. Ursula von der Leyen, dont la matrice intellectuelle repose sur une Europe souveraine, entend bien promouvoir une Europe forte et unie. Elle évoque, entre autres, sa volonté de construire une « commission géopolitique » plus active sur la scène internationale afin de protéger les intérêts de l’Europe dans un monde pourtant si manichéen dominé par les Etats-Unis à l’ouest et par la Russie et la Chine à l’est.
Pour ce faire, trois priorités sur lesquelles Ursula von der Leyen souhaite axer sa présidence ont été clairement définies : l’environnement, le numérique, la migration et l’économie.
En matière d’environnement, Ursula von der Leyen fait du « New Green Deal » un impératif et c’est le Néerlandais Frans Timmerlans qui en assumera la responsabilité. L’Europe souhaite être pionnière en la matière et engendrer le changement en visant un bilan carbone neutre d’ici 2050. En ce qui concerne le numérique, Margrether Vestager se voit attribuer le portfolio. Surnommée « tax lady » depuis sa tenacité face au géants américains, Margrethe Vestager a acquis une réputation d’intransigeance qui saura l’accompagner afin de transformer le Vieux Continent en une Europe 2.0. Les enjeux sont de taille puisqu’ils visent entre autres une souveraineté technologique, un réseau 5G, l’instauration d’une taxe numérique européenne, l’encadrement de l’intelligence artificielle, des mesures concernant la cyber sécurité ou encore, la numérisation des données. La migration se place en troisième position des priorités évoquées par la nouvelle présidente. Le portfolio d’abord nommé « protection du mode de vie européen » a été jugé inapproprié et est donc devenu « promotion du mode de vie européen ». Le Grec Margaritis Schinas sera chargé de mettre en place un nouveau pacte migratoire comprenant entre autres l’amélioration de l’intégration des migrants sur le territoire, le renforcement des frontières extérieures ou la coopération entre les états. Enfin, du côté de l’économie, il s’agit de renforcer l’union économique et financière entre les états membres, d’autant plus que la déstabilisation du Brexit amputera l’Europe d’un des membres essentiel.
C’est donc avec des priorités claires et ambitieuse que la commission européenne veut être acteur du changement. Changement qui se fait déjà d’un point de vue de la composition, puisqu’avec 15 hommes et 12 femmes, la commission von der Leyen, contrairement à la précédente avec 20 hommes et 8 femmes, se rapproche de la parité.
Avec cette nouvelle commission tournée vers l’avenir, Ursula von der Leyen souhaite ainsi raviver le projet européen qui semble depuis quelques temps ébranlé. Un seul mot d’ordre : l’audace, afin de redonner à l’Europe son importance au sein des grandes puissances et de revoir son identité. Car non, l’Europe n’est pas une utopie mais bien une réalité imparfaite, une aventure diplomatique, politique, économique et sociale inouïe désormais entre 27 états et dont les défis ont toujours été les plus grands moteurs.
Photo de couverture: Drapeaux devant la commission européenne, sous licence CC BY-SA 4.0.
Edité par Salomé Moatti