Covid-19 : une France solidaire
Chaque soir à 20h, les Français suspendent leurs activités pour pouvoir applaudir à leurs fenêtres, le personnel de santé qui travaille si dur depuis le début de l’épidémie. Dans toutes les rues du pays, des applaudissements accompagnés de « bravo » enjoués retentissent. Cet acte, pourtant si simple, montre le soutien profond de la population au personnel médical.
En France, l’arrivée du COVID-19 a malheureusement fait ressortir la nature de certains; des actes égoïstes, tels que des vols de masques dans les hôpitaux, sont apparus avec le virus. Néanmoins, cette épidémie a aussi entraîné une grande vague de solidarité à travers le pays, tout particulièrement depuis le début du confinement il y a maintenant trois semaines. Ces actes de solidarité ne viennent pas seulement de la population mais découlent aussi des différentes mesures mises en place par le gouvernement français pour le personnel de santé et la société dans son ensemble.
Les Français, obligés de rester chez eux, se mobilisent pour pouvoir aider et soutenir les personnes les plus à risque et celles qui doivent continuer à travailler – médecins, infirmières, pharmaciens, secouristes, éboueurs, policiers, gendarmes, caissiers, commerçants, livreurs, etc. Individuelle ou organisée, cette solidarité donne un regain d’espoir à la population, qui est entièrement touchée par cette crise. Elle passe d’abord par des petits actes qui peuvent être réalisés par chacun mais qui restent essentiels dans ces moments difficiles : demander à ses voisins s’ils ont besoin d’aide, proposer aux personnes à risque qui nous entourent de leur faire les courses, apporter des masques et des gels hydro-alcooliques dans les hôpitaux ou les pharmacies…
Certains sites internet ou pages facebook ont également été créés pour organiser cette solidarité et apporter de l’aide aux personnes à risque. Ainsi, un étudiant de l’IMT Atlantique a installé une plateforme afin de permettre à des bénévoles d’effectuer les courses de première nécessité pour rendre service à ceux qui ne le peuvent pas. Ce site met en relation les bénévoles avec des personnes à risque médical, des personnes de plus de 60 ans ou encore le personnel de santé. Dans certaines villes de France, ces actions sont centralisées par les mairies; c’est le cas d’Ornans, une petite ville de l’est, où la mairie a mis en place la livraison hebdomadaire de paniers de première nécessité.
D’autres Français s’organisent pour prêter leurs appartements au personnel de santé et certains hôtels laissent des chambres à disposition des soignants. Cette initiative permet au personnel de santé d’habiter plus proche de leur lieu de travail afin de leur éviter des trajets de plusieurs heures ou de vivre seul pour éviter de contaminer leur entourage. Le site Airbnb a également mis en place une plateforme « Appartsolidaire » pour organiser ces prêts d’appartement. Les restaurants se mobilisent aussi : eux préparent et livrent gratuitement des repas au personnel médical.
Ces actes de solidarité font écho au discours d’Emmanuel Macron du 16 mars 2020 : « Nous sommes en guerre. J’appelle tous les acteurs politiques, économiques, sociaux, associatifs, tous les Français à s’inscrire dans cette union nationale qui a permis à notre pays de surmonter tant de crises par le passé. » Cette annonce de combat contre un ennemi invisible montre la position du président français par rapport à la situation, mais les mesures prises par le gouvernement reflètent-elles réellement ces paroles qui paraissent presque propagandaires dans sa volonté de rassembler les Français face à « l’ennemi »?
Notre combat contre le COVID-19 ne serait pas possible sans l’engagement de femmes et d’hommes qui ne comptent pas leurs heures et qui, avec courage, sont là pour faire avancer le pays. C’est cette #FranceUnie qui nous permettra de gagner contre cet ennemi invisible. pic.twitter.com/bfuDg6LLQl
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 31, 2020
Avant l’arrivée du Covid-19, le secteur de la santé traversait une importante crise et de larges mouvements de grève ont eu lieu durant les derniers mois de 2019. Le personnel de santé dénonçait alors un système de santé au bord de l’implosion avec des sous-effectifs persistants, une sous-rémunération du personnel, et un manque de lits d’aval. Les soignants demandaient une augmentation du budget attribué à ce secteur et, entres autres, une augmentation des salaires et une hausse des effectifs. Aujourd’hui en première ligne du combat contre ce virus, les personnels soignants ont mis leurs revendications de côté mais ils ne sont pas pour autant satisfaits des actions mises en place par l’État. En effet, de nombreux soignants dénoncent le manque de préparation et d’équipements des hôpitaux malgré les promesses du gouvernement de tout faire pour y remédier.
Depuis le début de cette pandémie, le gouvernement français est en effet victime de nombreuses critiques. Plusieurs plaintes ont même été déposées devant la Cour de justice de la République contre différents ministres. Une de ces plaintes a été déposée par trois médecins, soutenus par 1500 de leurs confrères, reprochant au gouvernement son impréparation face à une pandémie prévisible : retard dans la commande de masques, défaut de gel,… Au contraire, six anciens ministres de la santé affirment que cette pandémie était « imprévisible » et que le gouvernement fait « du mieux possible ». Néanmoins, alors que la situation actuelle est unique, il est indéniable que le gouvernement français tente, au mieux, de supporter le personnel de santé.
Ainsi, le gouvernement essaie au maximum de remédier au manque d’équipements à travers d’importantes commandes de masques à l’étranger, dont 1,5 milliard à la Chine, une mobilisation des industriels et une réquisition des stocks. De nombreuses usines fonctionnent aujourd’hui 24h sur 24h afin de produire des masques chirurgicaux et FFP2. La production de masques chirurgicaux a augmenté à 8 millions par semaine et devrait atteindre les 15 millions d’ici la fin avril. En plus de ces masques, Édouard Philippe a indiqué la fabrication de masques en tissu destinés à la population générale dans le but d’éviter l’utilisation abusive de masques chirurgicaux. Emmanuel Macron a aussi promis 10 000 nouveaux respirateurs d’ici mi-mai. Le gouvernement a annoncé une augmentation des tests réalisés, avec, comme but, 30 000 tests par jour dès la semaine prochaine et une concentration dans les EHPAD – Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes – où les tests deviendront plus systématiques. Afin d’éviter les surplus de patients dans les hôpitaux, le transport des malades des zones les plus touchés dans des hôpitaux d’autres villes est organisé. Par exemple, de nombreux patients des hôpitaux du Grand Est ont été transportés dans des hôpitaux d’autres régions ou de pays frontaliers, en particulier en Allemagne et au Luxembourg. L’État propose aussi un service minimum de garde dans les crèches et les écoles pour les enfants des soignants ainsi que des taxis et hôtels payés par l’État. Enfin, les heures supplémentaires des soignants sont désormais majorées et ils recevront une prime exceptionnelle à la fin de la crise.
En complément de l’aide au personnel médical, Emmanuel Macron a promis, dans ses discours du 12 et 16 mars, de s’évertuer à atténuer les répercussion économiques négatives, qui paraissent inévitables à ce jour, sur les individus et les entreprises. Premièrement, il a annoncé l’installation d’un dispositif de report de charges fiscales et sociales, de soutien au report d’échéances bancaires et de garanties de l’État à hauteur de 300 milliards d’euros pour tous les prêts bancaires contractés auprès des banques. Deuxièmement, le président de la République française a déclaré la suspension des impôts, des cotisations sociales, des factures d’eau, de gaz ou d’électricité, ainsi que des loyers. Troisièmement, l’État devrait prendre en charge l’indemnisation des salariés contraints à rester chez eux à travers la mise en place d’un dispositif de chômage partiel. Enfin, depuis le 31 mars, un formulaire est disponible pour permettre aux personnes n’étant pas éligibles au chômage partiel, c’est-à-dire les TPE, les indépendants, les micro-entrepreneurs et les professions libérales de moins de 11 salariés et de moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires, de demander une première aide de 1500 euros pour les aider pendant ces temps de crise.
À travers le monde, la crise actuelle est accompagnée par un regain de la place et de l’importance de l’État ainsi que d’un élan de solidarité qui donne un peu d’espoir. Malheureusement, les pays et les individus sortiront inévitablement de cette pandémie avec des conséquences aux degrés variables qui peuvent déjà se ressentir à travers les mesures inédites prises par le gouvernement français. Pour le moment, nous pouvons seulement faire notre part, en restant chez nous et en aidant comme nous le pouvons.