De la crise économique de 2008 à la montée du Nationalisme : l’Ascension des Extrêmes Politiques
Alors que la violente crise économique de 2008, déclenchée après la chute de la banque Lehman Brothers, débuta en tant que crise des subprimes aux États-Unis, elle ne s’attarda pas à contaminer l’économie mondiale de façon intégrale, touchant l’Union Européenne fin 2008. Bien que la France ne soit affectée par la crise qu’en 2009, son impact n’est pas moindre. Causée principalement par une accumulation record de dettes, d’une augmentation exorbitante des prix immobiliers, et plus généralement par des failles dans le système monétaire mondial, les conséquences de cette crise sont d’autant plus diverses. Parmi ces conséquences, une des plus considérables est la montée des pays en développement au détriment des emplois ouvriers en France. En effet, comme le démontre les cartes suivantes, l’Occident est principalement touché par la crise, tandis que de nombreux pays (surtout en Asie), s’en sortent indemnes: les compagnies sont donc attirées par ces économies saines. Cela crée un cercle vicieux dans lequel il est difficile de promouvoir la main d’oeuvre française tant qu’il n’y a pas de croissance. Cependant, des forts taux de chômage bloquent cette dernière. La crise économique de 2008 et la montée du chômage français ont donc aidé le développement des sentiments nationalistes parmi les classes populaires, nourrissant ainsi les partis extrêmes et leurs politiques de fermeture.
Touchée de façon virulente par cette crise financière sans précédent, l’économie française s’efforce toujours à s’en remettre. Les domaines de l’économie principalement affectés par la crise sont l’emploi, la migration des multinationales vers des pays en voie de développement et la hausse des prix de façon générale. Entre 2008 et 2014, le taux de chômage augmenta de 7,3% à 10,2%, causant 800 000 personnes à perdre leur emploi. Cela représente une hausse de 40% en seulement six ans. Cette perte d’emplois touche majoritairement le domaine industriel, dans lequel les grandes entreprises préfèrent transférer de la main d’œuvre de qualité pour de la main d’œuvre en quantité. Ainsi, les pays en voie de développement, comme l’Inde et la Chine, ont profité de la situation Européenne. Les PIB de l’Inde et de la Chine ont tous les deux augmenté de 8.2% entre 2013 et 2017, tandis que celui de la France n’a grandi que de 1,15%, représentant donc un des plus bas pourcentages en Europe même.
La crise financière a contribué à une augmentation exorbitante d’un chômage touchant principalement les classes populaires. Ces 800 000 nouveaux chômeurs en France, suscités par la politique des multinationales ayant privilégié une main d’œuvre moins chère, se nourrissent ainsi de solutions proposées par les discours nationalistes s’opposant au monde globalisé. Alors que cette mondialisation favorise le profit des grandes entreprises, celle-ci a aussi contribué à l’augmentation véloce du chômage pour les ouvriers français, jugés trop coûteux. Ainsi, les français deviennent de plus en plus résilients des pratiques de la mondialisation (production aux prix les plus bas, ouverture des frontières au commerce mondial etc.) et la France a du mal à rester compétitive par rapport à ces pays émergents. L’idée qu’on remplace la main d’œuvre française pour une production de moins bonne qualité contribue au développement d’une méfiance vis-à-vis d’une ouverture économique. Cette méfiance se développe en un désir de retrouver une France d’avantage fermée à l’économie mondiale. Cette classe populaire violemment touchée par les méfaits de la mondialisation économique, interprète donc la perspective d’une France dans laquelle les emplois sont pour les Français, et les multinationales ne devraient pas substituer une main d’œuvre formée et de qualité pour une main-d’œuvre étrangère et “cheap”.
Le Front National se nourrit de ces désirs nationalistes, qui leur procurent une certaine légitimité et une capacité d’influence dans la sphère politique et nationale. Alors que la classe populaire se détache d’une mondialisation qui lui est défavorable et désire retourner vers une économie plus autonome, le Front National s’engage à sortir de la zone Euro et à retourner au franc, ce qui, d’après les élus, éviterait que la France soit de nouveau entraînée par les forces d’une économie globale et d’éventuelles crises internationales. Dans son programme pour les élections Présidentielles de 2017, Marine le Pen proposait un retour vers une économie protectionniste, en soutenant les entreprises françaises et en taxant les entreprises étrangères. Une taxe aux entreprises pour l’embauche d’étrangers a de même été suggérée, promouvant ainsi l’emploi de travailleurs français. De plus, la fermeture des frontières françaises s’inscrit dans une rhétorique nationaliste, dans laquelle il faut limiter l’entrée des ouvriers clandestins pour assurer la baisse du chômage des ouvriers français.
Ainsi, Marine Le Pen a charmé la classe populaire nationaliste en leur promettant un emploi et le rejet des étrangers. Contrairement aux élections Présidentielles de 2002, durant lesquelles Jean-Marie le Pen remporta seulement 17,9% des votes, les conséquences de la crise financière de 2008 ont permis à sa fille Marine, de doubler son score en obtenant 33,9% des votes en 2017. La nouvelle défaite du Front National aux présidentielles est fortement liée, en revanche, aux sous-entendus racistes et xénophobes de leurs politiques nationalistes. Les discours du Front National, aujourd’hui appelé Rassemblement National, s’effectuent non seulement autour de l’économie, mais aussi autour d’une idéologie quasi-fasciste: le discours néo-populiste de Marine Le Pen serait donc “une stratégie électorale” pour attirer les électeurs d’avis partagés. Pour cette raison, les français modérés sont craintifs du changement radical proposé par le Front National.
De l’autre côté du spectre, on retrouve Jean-Luc Mélenchon à la tête du Front de Gauche. Malgré sa forte dissemblance au Front National sur un plan socio-culturel, son programme économique propose de nombreuses idées nationalistes similaires à celles de Le Pen. Il est le porte-étendard de la classe populaire : Mélenchon voulait augmenter le SMIC (salaire minimum) de 16% pour être à 1 326 € net et imposer la taxe sur le revenu à 90% pour les ménages de plus de 400 000 €. Ceux qui ont été le plus affectés par la crise sont les classes moyennes, et non les familles plus aisées. Mélenchon voulait donc augmenter les taxes afin d’investir dans les services publics et pouvoir rendre ce nouveau SMIC possible. Des négociations avec le FMI étaient aussi envisagées afin d’obtenir un prêt, endettant alors la France de 273 milliards d’euros supplémentaires. Malgré cette proposition alléchante pour les populations moyennes, les conséquences auraient été sûrement négatives sur le long terme. En effet, limiter la capacité des ménages de plus de 400 000€, d’investir aurait empêché la création d’emploi et de capital dans l’économie. Néanmoins, voir que 19,58% des électeurs ont voté au premier tour pour un changement socialiste si radical, montre une profonde amertume des classes populaires vis-à-vis d’une France inégale.
La montée du nationalisme en France depuis la crise et le succès relatif des deux extrêmes politiques aux présidentielles, démontre une méfiance de la classe populaire envers la mondialisation. Cela témoigne donc d’un fort désir de retourner vers une économie plus autonome, fermée au capital étranger, afin de “rendre” les emplois aux français et de limiter les inégalités de revenus. Les tentatives échouées de la gauche et de la droite modérées pour résoudre les séquelles de la crise ont permis à des politiques plus extrêmes et prometteuses de changement, de gagner en popularité. En effet, de nombreux partis d’extrême droite et gauche en Europe dont le Front National et le Front de Gauche font partie, se nourrissent des séquelles de la crise économique de 2008 et conséquemment de la montée des sentiments nationalistes, ceci, majoritairement au sein des classes populaires. Malgré le succès d’Emmanuel Macron et de ses politiques libérales pro-mondialisation, les élections présidentielles de mai 2017 ont particulièrement exposé les frustrations nationalistes de plus d’un tiers de la population française.
Edited by Laura Millo