Le mariage: cimetière des divorcés
Vous souvenez-vous de ce que vous ressentiez lorsque vous étiez enfant? De ce sentiment d’innocence et de naïveté? De cette conviction que tout est possible? Et vous souvenez-vous du moment où vous avez arrêté de vous sentir comme cela? Permettez-moi de vous le rappeler: quand vos parents ont cessé de se comporter comme des adultes.
Le but ici n’est pas de critiquer les parents, mais d’engager une réflexion sur la place de l’enfant dans un divorce et sur la banalisation de cette pratique. Mais avant de s’intéresser à ce sujet complexe, sans réponse vraiment concrète, il faudrait s’interroger sur le statut de l’enfant dans la famille.
Lorsqu’un enfant naît, deux personnes sont censées prendre soin de lui: son père et sa mère. Les parents fournissent (normalement) les bases sur lesquelles un enfant peut se construire. C’est le véhicule, l’intermédiaire entre le bambin et le monde extérieur. Toutefois, il semblerait que l’enfant ait petit à petit perdu sa place dans l’enceinte familiale. Il ne sait plus où se positionner.
L’utilisation excessive des réseaux sociaux et le laxisme des parents par rapport à ce problème sont une réflexion de ce malaise. Pourquoi les adolescents et les enfants utilisent ils autant Facebook, Instagram, Twitter ? Il existe un problème d’identité qui ne s’étend pas seulement aux jeunes mais à la société toute entière. L’éphémère, le matérialisme et l’individualisme règnent sur la civilisation occidentale. Nous vivons dans un monde où les « j’aime » sur Facebook sont synonymes de plaisir et d’affirmation de soi. C’est un comble de se sentir exister grâce à des moyens basés sur l’apparence et le futile.
Tournons-nous maintenant vers un phénomène qui gangrène la société: le divorce. Lors d’une séparation, on accorde une place à l’enfant qu’il n’est pas censé avoir. Il se retrouve prisonnier d’une situation qui, au départ, ne le concerne même pas. Ses parents lui demanderont de faire certains choix (comme décider chez qui habiter), alors qu’il n’a aucun contrôle sur la situation. C’est tout de même un comble! Dans le meilleur des cas, l’enfant vivra la moitié du temps chez un parent, et la seconde moitié chez l’autre. Mais une chose est certaine: l’enfant sera amené à remettre en question toutes convictions ou croyances qu’il avait sur la famille. Il devra apprendre à vivre différemment, il devra apprendre que ses parents ne forment plus une équipe comme par le passé. En somme, il devra accepter que les choses changent et que sa vie est ainsi.
Dans tous les cas, le divorce implique une remise en question de ce qu’est la vie, l’amour et le couple.
Alors doit-on ne pas divorcer? Doit-on rester avec une personne que l’on n’aime plus? Toutes ces questions sont importantes à poser. Mais avant de se demander s’il faut divorcer, il faudrait peut-être se demander s’il faut aimer et si se marier est synonyme d’amour.
Lorsque l’on s’intéresse à la vision que la société donne de l’amour, le message est clair. Tandis que Blanche-Neige est réveillée par son prince charmant, la belle et le clochard savourent un dîner aux chandelles et Aladdin emmène Jasmine sur son tapis volant. En outre, dans tous les films hollywoodiens, les personnages principaux finissent toujours par se dire qu’ils s’aiment, parce que oui, l’amour est plus fort que tout! Sérieusement, dans quel monde vivons-nous? On nous apprend depuis notre plus tendre enfance que l’on «vivra heureux et que l’on aura beaucoup d’enfants». On veut nous montrer que les choses sont simples et que tout finit toujours par s’arranger, malgré les obstacles.
Mais ces films véhiculent une certaine image de l’amour: celle de la facilité. La seule chose simple dans toutes ces histoires d’amour c’est d’appuyer sur le bouton «play». En outre, tous ces films se terminent par le début de la relation où «tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil». Mais ces derniers ne montrent pas quand les choses se compliquent. Ceci amène à une idéalisation de la relation. Et c’est ainsi que l’on se retrouve dans un monde où la moitié des mariages aboutissent en divorce.
Alors que faire? Ce qui semble certain c’est que l’on doit ajuster nos attentes, ne pas se laisser bercer par des rêves d’enfants, et changer certaines mœurs qui sont ancrées dans les esprits. Ce ne sera surement pas simple, et ce ne sera pas agréable. Mais cela permettra peut-être d’éviter beaucoup de douleurs aux enfants et aux adultes.
Et si nous n’y arrivons pas, les enfants auront toujours les films Disney pour leur remonter le moral. Et c’est déjà assez bien comme cela!