Républicains et Démocrates ou la fracture environnementale
Donald Trump a annoncé, début Novembre, sa décision de quitter formellement les Accords de Paris. Cette annonce n’est pas une surprise, car même si, depuis son élection, le Président Républicain s’est autoproclamé « véritable défenseur de l’environnement », ses convictions climato-sceptiques ne datent pas d’hier. Il a notamment qualifiait, par le passé, le réchauffement climatique de « canular »…
En 2017, d’ailleurs, il honore l’une de ses promesses électorales et annonce le retrait des États-Unis des Accords de Paris, estimant que ceux-ci vont « à l’encontre des intérêts du peuple américain » de par leurs coûts et leur aspect soi-disant « punitif ». Ce retrait ne peut toutefois se concrétiser immédiatement : une clause au sein des Accords oblige chaque pays signataire à attendre trois ans à partir de l’entrée en vigueur du texte (novembre 2016), avant de pouvoir éventuellement entamer les démarches officielles. C’est désormais le cas.
Pour rappel, les Accords de Paris avaient étés négociés et signés à l’occasion de la COP 21 par 195 pays en décembre 2015. Ils entrent en vigueur huit mois plus tard, le 4 novembre 2016. Ces accords ambitieux ont pour objectif d’atténuer le changement climatique, et notamment de contenir l’élévation de la température de la planète en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de limiter la hausse des température à 1,5°C.
Au moment de la signature de ces accords historiques, Barack Obama, alors Président des États-Unis annonce que « le peuple américain peut-être fier », avant d’ajouter que ceux-ci « marquent un tournant pour les générations futures ». Si le président démocrate rencontre un soutien global au sein de son parti, le Congrès – à majorité républicaine – s’y oppose. Lorsque s’achève son second mandat, Barack Obama a parfaitement conscience que l’élection d’un président républicain signerait sans doute la remise en cause des Accords de Paris et de l’engagement américain…
Crainte confirmée par les propos du secrétaire d’Etat Mike Pompeo, qui, le 4 novembre dernier, relaie la position de Donald Trump, en qualifiant ces accords de « fardeau économique injuste ».
Un compte à rebours est alors lancé avant de pouvoir effectivement annoncer le retrait final du « deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre » et « premier producteur de pétrole et de gaz ». En effet, le départ concret des État-Unis ne pourra se faire que dans un an, soit en novembre 2020, toujours à cause de la clause inscrite dans les Accords de Paris. Date notable puisque le retrait ne peut se faire qu’au lendemain de l’élection présidentielle américaine. La situation à laquelle on a assisté avec l’arrivée de Trump au pouvoir, et son retrait des accords, pourrait donc s’inverser dans l’hypothèse d’une victoire démocrate.
Ainsi, c’est une nouvelle ligne de fracture Démocrate/Républicaine qui se crée ou plutôt se répète, faisant du climat l’un des principaux enjeux du scrutin présidentiel à venir. En outre, Trump est depuis quelques temps dans la tourmente, multipliant les controverses, en pleine enquête de destitution. Ainsi, il lui faudra défendre ses positions et sa perception quelque peu singulière des enjeux liés au réchauffement climatique, là où son ou sa futur(e) adversaire démocrate risque de ne pas le ménager. Mais Trump souhaite maintenir sa ligne sous le regard des militants républicains, faisant fi de l’avenir de la planète, pour privilégier l’ambition de “rendre sa grandeur à l’Amérique”. Il se montre prêt, par conséquent, à renoncer aux efforts nécessaires à la protection de l’environnement, en écartant les États-Unis de cette mobilisation internationale.
Les candidats démocrates ont réagi à cette annonce, affirmant qu’ils ré-intégreraient l’accord s’ils gagnent l’élection. Constat notable : la plupart des candidats, côté républicain comme démocrate, sont âgés de plus de 70 ans. Trump, en renonçant à tout engagement contre le réchauffement climatique, ne souffrira sûrement pas des conséquences que celui-ci risque d’engendrer, mais il se met à dos une bonne partie de l’électorat jeune qui, de son côté, est directement impacté par l’enjeu environnemental.
Bernie Sanders l’a blâmé à ce sujet dans un tweet : « Les jeunes sont bien plus puissants que ce qu’ils ne pensent. Avec leur aide, nous allons sauver la planète et transformer notre pays. ». Même constat pour Joe Biden qui a également réagi dans un tweet qualifiant ce retrait de « honteux ».
Elizabeth Warren a quant à elle publié une tribune critiquant la décision du président et affirmant sa volonté de rejoindre les accords en cas de victoire, non seulement pour les impératifs écologiques qu’ils représentent mais aussi afin de redonner au États-Unis sa place de leader mondial. Selon la candidate, quitter les Accords de Paris c’est aussi priver le pays d’emplois futurs fondés sur l’économie des énergies renouvelables.
C’est donc un front démocrate – pour une fois – uni qui fait face à Donald Trump sur la question environnementale. On le voit : l’élection présidentielle américaine de 2020 va peser de façon décisive sur le futur du combat mondial contre le réchauffement climatique. Et ce n’est en rien un « canular »…
Image de couverture: Donald Trump annonce le retrait des États-Unis des Accords de Paris en 2017.
Edité par Elias Lemercier