#TBT URSS
6000 morts et la plus importante tension diplomatique entre Russie et Occidentaux depuis 1989, voici le résultat de ce que l’on nomme aujourd’hui la crise ukrainienne. Des soulèvements populaires de Maïdan à l’annexion de la Crimée, depuis novembre 2013 les relations diplomatiques entre Russie et Occident sont au plus bas. Bien que jusqu’ici il semblait que les parties les plus agressives de ce combat se jouaient sous la table, Vladimir Poutine a mené le conflit à un nouveau niveau à travers un documentaire diffusé dimanche 15 mars sur la chaîne de télévision publique, Rossiya 1. Monsieur Poutine a peut être disparu quelques jours (1) mais il est bel et bien de retour, et il a un message pour les ‘ennemis de la Russie’.
Première déclaration largement reportée dans les médias internationaux a été l’annonce expliquant que la Russie avait été prête à mobiliser ses forces nucléaires face « à la tournure la plus défavorable qu’auraient pu prendre les événements » (2).
Poutine se positionne aussi en sauveur des communautés Russophone. Il ne s’agit pas d’être président des citoyens russes, mais de tous les russes. On y entendrai presque un discours marxiste, « Russophone de tous les pays unissez vous ». La Russie avait fait positionner des batteries de missiles sur les côtes, dissuadant un possible support maritime américain aux Ukrainiens. Le président Russe explique cette décision, disant qu’il ignorait si l’occident interviendrai, « C’est pourquoi j’ai été obligé de donner les instructions qu’il fallait à nos forces armées (…), de donner des ordres sur l’attitude de la Russie et de nos forces armées en toutes circonstances » (2). Continuant à vouloir appâter les Russophone, il explique avoir discuté avec ses collègues occidentaux, « je leur ai dit que c’était notre territoire historique, que des Russes habitaient là-bas, qu’ils étaient en danger et que nous ne pouvions pas les abandonner »(2). Il continue en expliquant que cette position était franche et que c’est pourquoi personne n’avait voulu causer de « conflit mondial»(2). Souvent interrogé sur les forces Russes présentes en Crimée lors du référendum, il répond que la présence de ces soldats armés avait simplement pour but d’éviter une effusion de sang. Il explique « L’objectif final n’était pas la prise de la Crimée ou son annexion. L’objectif final, c’était de donner aux gens une possibilité d’exprimer leur opinion sur comment ils veulent vivre dans l’avenir » (2). Il admet aussi avoir organisé l’extraction de l’ex-président Ukrainien pro-Russe Viktor Ianoukovitch de Kiev; laissant la capital aux mains des manifestants pro-occidentaux.
Poutine s’exclame que « même sans la Crimée et l’Ukraine, les États-Unis et leurs alliés auraient inventé autre chose pour freiner les opportunités de la Russie. Et cette manière de faire ne date pas d’hier » (3). Il gronde ainsi contre un Occidentaux clamant à ses yeux trop de pouvoir. Le leader explique que l’armée Russe est « moderne, redoutable, prête au combat » (3). Il enchaîne aussi au long du documentaire les métaphores historiques, expliquant entre autre « Hitler s’apprêtait à anéantir la Russie et à nous repousser jusqu’à l’Oural. Tout le monde doit se souvenir comment ce genre de choses se termine » (3). Bref, Vlad est fâché contre Obama et sa bande, et s’ils veulent régler ça à mains nues, il les attend.
Niveau économique, les déclarations du président montrent une volonté d’affranchissement de la Russie du système international. Il annonce une volonté de se défaire de la dépendance du pays aux technologies et productions industrielles étrangères. Il parle entre autre des transports, de l’énergie et de l’industrie agro-alimentaire et s’adresse aux hommes d’affaires russes à qui il demande de rapatrier leur capital en Russie. Effectivement, l’année 2014 à vue la fuite de capitaux causer une perte de 151 milliards de dollars au pays (4). Poutine explique que le gouvernement n’est pas intéressé par la provenance ni l’origine de ces fonds, il demande simplement leur rapatriement sur le sol Russe.
À ces déclarations s’ajoute aussi les choix diplomatiques de Poutine, un exemple parfait de la vision du leader ainsi que des tensions avec l’Occident est celui de la cérémonie prochaine du 7 mai. Cette cérémonie célèbre la « Victoire de la Russie contre le Nazisme ». Deux aspects de cette cérémonie sont particulièrement pertinents.
D’abord, le rapprochement entre Russie et Corée du Nord. Effectivement, le 7 mai devrait marquer le premier déplacement de Kim Jong Un à l’étranger en tant que chef d’Etat (5). Le leader Nord Coréen cherche à réduire sa dépendance au géant Chinois. Effectivement depuis l’arrivé de Xi Jinping les relations Sino-Nord Coréennes se sont fortement dégradées. Ce dernier se plaignant des provocations de Pyongyang et leurs essais militaires. Le leader Chinois n’a d’ailleurs pas prit le temps de rencontrer son homologue Nord Coréen depuis sa montée au pouvoir (6). De plus, lors du scandale causé par le film « The Interview », le Russie avait dit comprendre la colère de Kim Jong Un. Pour Moscou, cette amitié avec le régime de Kim Jong-un permettrait de favoriser la construction d’un gazoduc à travers le territoire nord-coréen et ainsi faciliter les exportations de gaz naturel russe vers la Corée du Sud (6).
Ensuite, c’est l’échec de l’occident à fermement tenir tête à la Russie qui interpelle. François
Hollande, Angela Merkel et David Cameron ont tout trois décliné l’invitation du Kremlin, une manière de contester les actions de Monsieur Poutine. Néanmoins dans les faits, madame Merkel se rendra tout de même à Moscou 3 jours après la cérémonie afin de déposer une gerbe sur la tombe du soldat inconnu en compagnie de Poutine. Downing Street a aussi annoncé que le premier ministre anglais ne serait pas non plus présent lors de la cérémonie. Ajoutant cependant qu’il n’était pas exclu d’envoyer un représentant de second rang, et qu’ils étudiaient leur représentation en regard des discussions qui se poursuivent avec la Russie et de l’inquiétude concernant ses agissements (7).
Alors l’occident doit-il craindre la Russie? Il n’y a pas encore de réponse valable à cette question. Sur
le plan Européen le leader interpelle les Russophone comme s’ils étaient citoyens Russe, rappelant les stratégies des états satellites. Il se distancie aussi de l’occident, se montrant très critique de la politique mené par celui-ci. Niveau national et économique, il renferme les frontières Russes, appelant au rapatriement du capital expatrié et scandant: “notre développement dépend d’abord de nous-mêmes” (5). Enfin sur la scène internationale son rapprochement publique avec la Corée du Nord montre une volonté de compenser son renfermement à l’Ouest par une ouverture vers l’Est. Ouvertement agressif et critique de l’Occident, les ‘ennemis de la Russie’, provocateur en conviant les chefs d’États à une cérémonie célébrant la victoire de la Russie contre le Nazisme; tentative de séduction des populations russophone; Vladimir Poutine utilise ouvertement des stratégies familières à l’Histoire, laissant un arrière goût de guerre froide dans nos bouches.
(1) http://www.liberation.fr/monde/2015/03/15/disparition-de-poutine-la-russie-envisage-le-pere_1221259
(2) http://www.france24.com/fr/20150315-crimee-vladimir-poutine-arme-nucleaire-russie-ukraine/
(3) http://www.lefigaro.fr/international/2015/01/28/01003-20150128ARTFIG00522-le-dirigeant-nord-coreen-choisit-la-russie-pour-son-premier-voyage-a-l-etranger.php
(4) http://www.lesechos.fr/monde/europe/0204092949475-la-fuite-des-capitaux-de-russie-a-atteint-150-milliards-de-dollars-lan-passe-1084693.php
(5) http://www.lefigaro.fr/international/2014/12/04/01003-20141204ARTFIG00409-poutine-denonce-les-ennemis-de-la-russie.php
(6) http://www.reuters.com/article/2015/01/28/us-russia-northkorea-kim-idUSKBN0L107320150128
(7) http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/03/12/97001-20150312FILWWW00233-cameron-boycotte-les-70-ans-du-triomphe-sur-les-nazis.php